Yanick Lahens Ce court texte exprime la double nécessité de dire l’horreur que fut la catastrophe haïtienne et celle de la surmonter. Déambulant dans les rues de sa ville détruite, l’écrivain part de sa propre expérience : avant le séisme, elle projetait d’écrire un roman d’amour. Revisitant le décor ravagé de sa fiction, tentant de la mettre en œuvre, elle est saisie par l’histoire immédiate.Que peut-on écrire, comment peut-on écrire alors que la réalité même s’est dérobée ? Pour Yanick Lahens, la faille géologique qui a englouti Haïti en janvier dernier interdit de faire comme si les autres failles ― sociale, politique, économique ― qui depuis des décennies laminent son île n’existaient pas. Ils étaient nombreux à savoir le danger couru : Port-au-Prince a été par le passé deux fois détruite, et les prévisions des sismologues étaient sans ambiguïté. Ils sont nombreux aussi à savoir que les failles de surface menacent d’entraîner Haïti à sa perte. Il n’y a pas de fatalité dans l’exode rural, la paupérisation, la dégradation de la production agricole et de l’environnement.Texte de combat, texte animé par l’urgence, texte de compassion aussi, Failles tente de désigner, avec une magnifique pudeur, servie par une écriture à la pointe sèche, l’innommable qu’a été le 12 janvier en Haïti, mais aussi de prévenir de l’irresponsabilité qui consisterait pour les Haïtiens à ne pas changer leurs perceptions et leurs comportements.
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160 Pages