Marcel Arland « Marcel Arland en est à une si grande domination de son art que cet art se fait presque invisible. Nous voici dans la vie même, liés à ses rythmes, à ses mouvements haletants et comme fous puis à ses lenteurs comme rusées avec ses brusques ruptures aussi, les chutes dans les puits d'ombre ou les transfigurations inespérées.
Que d'événements insensés, on n'en peut plus. Mais non, voyons, rien qu'un rayon de soleil, une errante odeur de branches mortes, un infime craquement de gravier : nous attendons.
Le narrateur ne parlait que de lui, nous nous sommes à peine aperçus qu'il est devenu un enfant, une fille perdue ou un vieux professeur, mais c'est toujours le même feu, la même angoisse. Jusqu'où ?
Nous trompons-nous ? Le malheur n'est-il pas en arrière, dans une vaste enfance sombre, avec ses blessures, avec ses morts, avec aussi ses pauvres et divines merveilles ? Non, l'aujourd'hui et l'avenir sont plus irrémédiables, comme une mère qui survit à ses deuils, comme un entêté qui ne veut rien moins que l'absolu et gâche tout. A moins justement que la trame opaque des heures ne soit toujours prête à se déchirer sur une heure paradisiaque.
Ainsi tel léger paysage d'hiver, comme écrit sur la soie, on y est éperdu d'admiration et de gratitude, on en oublie tout... Comme dit la légende, l'auteur engage mystérieusement un pied dans son œuvre et y disparaît. »
- Jean Grosjean
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272 Pages